Nairobi [Kenya], le Kenya, en Afrique de l'Est, a connu la semaine dernière de violentes manifestations généralisées au cours desquelles au moins 19 personnes ont perdu la vie. La crise de la dette kenyane souligne les défis auxquels sont confrontés de nombreux pays africains pour concilier objectifs de développement et stabilité financière.

Le Kenya, connu comme l'un des pays d'Afrique de l'Est les plus développés économiquement et politiquement stables, a connu des manifestations au cours desquelles les manifestants ont exprimé leur colère contre le président William Ruto, exigeant sa démission en raison de l'introduction du projet de loi de finances 2024, qui prévoyait des hausses d'impôts, que Ruto a temporairement suspendu. le projet de loi fiscale controversé en réponse au tollé général.

Selon un rapport du média américain Vox, la dette totale du Kenya s'élève à 80 milliards de dollars, comprenant à la fois la dette intérieure et la dette extérieure. Cette dette représente 68 pour cent du PIB du Kenya, dépassant le maximum recommandé par la Banque mondiale et le FMI de 55 pour cent.

Avec le retrait du projet de loi de finances, le président Ruto doit présenter de nouvelles mesures pour résoudre la crise de la dette. Il a évoqué des mesures d'austérité, mais doit trouver un équilibre entre répondre aux besoins du peuple kenyan et satisfaire les créanciers du pays.

La crise a été déclenchée par la tentative du gouvernement kenyan de faire adopter un projet de loi de finances soutenu par le FMI qui proposait d'augmenter les taxes sur divers produits, notamment les serviettes hygiéniques importées, les pneus, le pain et le carburant. Le projet de loi visait à lever 200 milliards de shillings kenyans supplémentaires (environ 1,55 milliard de dollars) pour assurer le service de la dette du pays.

La majeure partie de la dette du Kenya est détenue par des détenteurs d'obligations internationales, la Chine étant son plus grand créancier bilatéral, avec 5,7 milliards de dollars. La situation d'endettement du Kenya découle d'emprunts massifs destinés à financer des projets d'infrastructure. Le pays a emprunté auprès de prêteurs multinationaux comme la Banque mondiale et le FMI, ainsi que de partenaires bilatéraux comme la Chine. La pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine ont encore aggravé la situation, entraînant une augmentation des dépenses et une flambée des prix mondiaux des denrées alimentaires et de l’énergie.

La question de la dette a suscité une attention internationale, Washington accusant fréquemment Pékin de s'engager dans une « diplomatie du piège de la dette » à travers ses investissements dans les infrastructures dans le cadre de l'initiative « la Ceinture et la Route » du président Xi Jinping. La Chine nie cependant ces allégations.

Kevin P Gallagher, directeur du Global Development Policy Center de l'Université de Boston, a souligné que l'absence d'un filet de sécurité financière mondial qui fonctionne bien est un facteur important contribuant aux problèmes d'endettement du Kenya.

Aly-Khan Satchu, un économiste basé au Kenya cité par Voice of America, a décrit le Kenya comme étant dans une « véritable tempête d'endettement », notant les changements dans les alignements géopolitiques du Kenya et les efforts visant à réduire la dépendance au financement chinois avec le soutien de la Banque mondiale et du FMI. .

Cependant, Satchu a également souligné les défis découlant de la nécessité pour le Kenya d'allouer des fonds du FMI et de la Banque mondiale pour rembourser les dettes dues à la Chine, en particulier celles liées aux projets d'infrastructure comme le chemin de fer construit par la Chine.

Le Sunday Guardian a cité Paul Nantulya du Centre africain d'études stratégiques, qui a souligné le rôle important de la Chine dans le financement et la construction d'infrastructures à travers l'Afrique.

Des inquiétudes surgissent lorsque les pays africains peinent à rembourser ces prêts, ce qui pourrait conduire à des saisies d’actifs par la Chine. Des pays comme la Zambie et le Ghana ont manqué à leurs obligations de paiement et ont ensuite conclu des accords avec leurs créanciers pour restructurer leur dette. Ces cas mettent en évidence la nécessité d’une approche équilibrée en matière de gestion de la dette et de stabilité économique.

Le paysage économique et politique du Kenya reste semé d'embûches alors que le pays fait face au fardeau de sa dette et cherche à gérer efficacement ses relations internationales. Une approche collaborative impliquant une fiscalité équitable, une restructuration de la dette et un soutien international est essentielle pour traverser cette crise sans alourdir davantage la population.