L'attaque d'un bus transportant des pèlerins hindous à Reasi soulève plusieurs questions. Ont-ils reçu l'information ? Qui leur a dit ? Les terroristes ont tendu une embuscade au bus sur un tronçon où la circulation était moindre et, selon ceux qui ont survécu, les assaillants sont restés là pendant près de 20 minutes.

Cela n’indique-t-il pas une sorte de collusion avec certains sympathisants locaux ? Ces questions font peut-être partie de l'enquête en cours, mais elles rappellent l'époque où le terrorisme frappait le Cachemire au début des années 1990 et où la plupart des attaques étaient menées après avoir obtenu des informations auprès de voisins ou de collègues, voire de policiers locaux. C'est quelque chose qui a même été décrit en détail par le gouverneur Jagmohan dans son livre «Frozen Turbulence».

L'aide au niveau local pourrait être motivée par la peur ou la sympathie. Avec l’amélioration de la situation sécuritaire et la répression contre les dirigeants séparatistes, le climat de peur est censé avoir été atténué. Mais les éruptions terroristes comme celles récentes mettent en évidence une triste réalité : des éléments voyous continuent d’exister et d’exercer leur présence de temps en temps.Ces éléments tentent de relever la tête lorsqu’ils le jugent opportun ou d’agir sur ordre de l’autre côté de la frontière. Le Pakistan n’a pas fermé son usine terroriste et continue d’infiltrer des terroristes pour mener des attaques. Il estime qu'il est de son droit de perturber J&K par de tels actes de violence.

Le directeur général de la police de J&K, R. R. Swain, a récemment déclaré que 70 à 80 terroristes étrangers étaient actifs sur le territoire de l'Union. Un nombre égal d’entre eux tenteraient de traverser sournoisement la LdC/frontière depuis diverses rampes de lancement au Pakistan.

Avec un appareil de sécurité serré et fort au Cachemire, les terroristes tentent de déplacer leurs activités vers la région de Jammu, au sud de la chaîne de Pir Panjal. La région aux forêts denses est un terrain difficile où les terroristes disposent de suffisamment d’espace pour se cacher. Les terroristes soutenus par le Pakistan tentent également désormais de se rendre dans des zones qui ont été relativement pacifiques, et l'attaque de Reasi en est un exemple.C’est le défi des forces de sécurité. Le fait que les terroristes soient capables de frapper et de disparaître est quelque chose de profondément inquiétant. La question se pose à nouveau ?

Les attaques terroristes ne peuvent pas se produire de manière isolée. Il y a toujours un lien local, qu’il s’agisse d’un terroriste hybride, d’un travailleur clandestin ou clandestin, ou simplement d’un travail pour de l’argent ou d’une exploitation sur la base de sentiments religieux.

Avant l'abrogation de l'article 370, les séparatistes et les éléments pro-pakistanais avaient réussi à créer un réseau relié par des sentiments islamiques. Ce lien a permis d’organiser des séances de jets de pierres, des assassinats ciblés, des attaques contre les minorités et les forces de sécurité, etc.Après la disparition de l’article 370, la vallée a connu un changement radical. Le réseau pro-séparatiste a été démoli et une réduction drastique de la violence, notamment des jets de pierres, a été constatée. La vallée connaît un afflux touristique massif et sans précédent.

Même si une majorité souhaite vivre en paix, il reste un vestige caché du lien motivé qui a tenté de se rassembler par divers moyens. Ces éléments cachés montrent leur présence par des actes de terreur, comme en ont été témoins trois attaques consécutives à Jammu, notamment la prise pour cible de pèlerins hindous dans un bus dans le district de Reasi.

La police a annoncé d'énormes récompenses pour toute information sur les agresseurs, mais quelques jours après l'attaque, personne n'a été arrêté. Le fait est que ces éléments cachés sont capables d'obtenir du soutien, de se cacher, de la nourriture, des armes ou des informations précises sur l'objet de l'attaque. C’est une situation qui devrait servir de sonnette d’alarme au gouvernement.La victoire de l’ingénieur Rashid, un leader enclin au programme séparatiste, lors des récentes élections à Lok Sabha, est une fois de plus le signe que quelque chose se prépare dans la vallée.

Rashid est incarcéré dans la prison de Tihar depuis cinq ans dans le cadre d'une affaire de financement du terrorisme. En 2015, alors qu'il était député, il a organisé une fête à sa résidence officielle où l'on cuisinait du bœuf. Il a également élevé à plusieurs reprises la voix en faveur du « droit à l’autodétermination » au sein de l’Assemblée J&K de l’époque.

Récemment, lorsqu'il a remporté les élections à Lok Sabha, des sourcils se sont levés quant à la façon dont il a réussi à obtenir la victoire malgré son incarcération. Sa campagne était dirigée par son fils Abrar Rashid, 26 ans.A l’instar de la campagne du chef de l’AAP et ministre en chef de Delhi, Arvind Kejriwal, aux élections générales, où il a appelé les gens à voter pour lui afin de le garder hors de prison, Abrar Rashid a adopté une stratégie similaire. Ses courts discours « Votre vote peut faire libérer mon père… » ont touché une corde sensible et se sont traduits par une victoire.

Si l’ingénieur Rashid entre au Parlement, élèvera-t-il la voix en faveur de l’autodétermination comme il le faisait lorsqu’il était député.

La question est troublante : existe-t-il un programme secret qui se dévoile progressivement ? Les séparatistes, en faisant appel à des mandataires même si le Jamaat-e-Islami, le JKLF et d’autres sont des organisations interdites, envisagent d’entrer dans le système. Y a-t-il un effort pour imploser le système en y entrant légitimement ?Les questions peuvent sembler hypothétiques à l’heure actuelle, mais le Cachemire cache beaucoup de choses.